Les ghettos universitaires
Aujourd'hui je pensais vous parlez d'un sujet de plus en plus actuel : les ghettos universitaires. Oh, bien sûr, vous me direz : pourquoi les étudiants se plaignent ? Ils paient un loyer dérisoire, ils ont tout à porter de la main, et ils ne paient aucune charge ni impôt, sans compter le fait qu'ils n'ont pas un patron qui leur gueule dessus toute la journée en mâchant du cigare et qui reluque les dessous afrivolants de la secrétaire qui, il faut bien l'avouer, met les bouchées doubles pour avoir une augmentation ce mois-ci ! Oui mais sachez, mesdames messieurs les employés de la fonction publique, que ces jeunes inscrits aux universités de France et de Navarre n'ont pas toujours la belle vie et que leur statut n'égale pas toujours celui d'un retraité de la fonction présidentielle purgeant sa peine d'emplois fictifs dans un 180 m2 en plein Paris ! Mais laissons là cette lutte des classes pour nous intéresser plus exactement aux étudiants et leur mode de vie.
Tout d’abord, un étudiant, ça se reconnaît à la dégaine : la démarche, assurée comme leur costars en droit, chaloupée comme leur intellect en sport, traînant les pieds comme leur cerveau en lettres, complètement coincée comme leur pensée en sciences ! Comment ça je m’attache aux stéréotypes ? Mais vous croyez que ça se créent comment un stéréotype ! Ca commence toujours par un nombre important de personnes d’une catégorie qui ont un trait commun ! Alors évidemment il y a des exceptions, mais ceux là ne sont simplement que des gens qui se sont gourés de filière ! Par exemple, une étudiante qui porte un bandana coloré, une robe made in Roumanie et qui a un sac tellement léger qu’on dirait qu’elle écrit avec le stylo du voisin, est-ce que vous pensez vraiment la croiser à la bibliothèque de droit ? Non, vous l’aurez tous reconnue, c’est l’étudiante de socio ! Le mec qui se lève à 13h, qui s’habille avec ce qu’il trouve, ou qui pour certains semble sortir d’un clip de Kiss, et qui parle comme s’il avait un regard intelligent sur la société alors qu’il est même pas capable d’en avoir un tout court, est-ce que vous croyez qu’il va traîner dans les couloir du bâtiment de Sciences ? Non, c’est bien sûr, l’étudiant de philo ! Et des exemples comme ça, on en a autant qu’il y a de filières d'études. Et le pire, c’est qu’on est même pas sûr que les LMD changent ça !
Ensuite, un étudiant, c’est avant tout un mouton. Lorsqu’un prof invente un partiel deux semaines avant la fin de l’année, qu’il annonce finalement le jour même qu’il n’y a pas examen et puis qu’il demande aux étudiants venus quand même de sortir une feuille blanche et de composer sur le sujet de leur stage, est-ce que vous croyez que quelqu’un va le contester ? Ouh là, non bien sûr, dans cette situation véridique, vécue il y a peu, par une poignée d’étudiants de psychologie à l'Université de Rouen, personne n’a réagi en disant que c’était inadmissible ! Les gentils étudiants ont sorti leur feuille blanche et ont écrit pendant deux heures. Et lorsque vous leur poser la question : Ne croyez vous pas qu’il aurait fallu réagir ? Ils répondent en cœur : Mais cela nous serait retombé dessus ! Haa, le courage des étudiants, la véracité de leurs convictions, la connaissance approfondie de leurs droits ! Comment ça, vous croyez que cela n’existe pas ? Vous commencez à m’agacer à m’interrompre tout le temps comme ça pour contester ce que je dis ! Je sais autant que vous ce que sont les étudiants, je les ai côtoyer de très près dans le milieu associatif ! Tiens, en parlant d’assoc, pour quelle raison croyez vous qu’un ou une étudiante s’engage auprès d’une association ? La joie de porter aide et secours à ses collègues ? Former un corps d’étudiants puissants pouvant défier l’administration poussive de l’Université ? Mais non mes amis, vous partez loin là ! Un local pour poser ses fesses, des étudiants pour draguer et des cours à porter de main ce qui évite d’y aller. Cela suffit amplement pour créer une assoc’ ! La preuve en est, vous leur enlever leur pc sur lequel ils et elles passent leur temps en chat et autre site de rencontre, et vous risquez de ne plus croiser grand monde avant la remise en marche de la connection !
Enfin, les étudiants se reconnaissent à leur capacité à réclamer pour ceux qui n’en ont pas besoin, des droits et des avantages dont eux seuls profiteront ! Ils sont les seuls à manifester au nom de gens qui n’ont rien demandé pour obtenir des passe-droits qu’ils utiliseront à leur escient. Si c’est pas formidable tout ces gens qui se retrouvent devant les amphis pour bloquer les cours auxquels ils n’ont jamais assisté. Car il ne faut pas l’oublier, les étudiants sont avant tout des contestataires, ils contestent tout, même leur propre avenir, qu’ils sont les seuls en vérité à pouvoir changer, mais pas pendant les vacances, parce que la révolution c’est bien beau, mais faut quand même pas pousser ! Et ils sont tellement forts, qu’ils sont les seuls à demander des réformes, qu’ils vont ensuite contester pour finalement ne jamais en profiter puisque le temps qu’elle passent, ils ne seront plus étudiants. D'où ce proverbe bien connu : les étudiants aboient, les réformes passent.
Donc, on peut déjà constater que les étudiants partent avec un certain handicap et posent un pied plutôt instable dans le monde semi-actif. Mais lorsque l'on regarde les circonstances, votre honneur, on ne peut que les qualifier d'atténuantes ! En effet, n'avez vous jamais vu ou même entendu parlé d'un logement étudiant habitable en l'état, salubre et entretenu ? Bien évidemment, pour le prix que l'étudiant paie, on ne peut s'attendre à mieux. Là où en province, un 9 m2 avec les latrines sur le pallier, la cuisine dans le couloir et la fenêtre dans le local à poubelles, on peut négocier un loyer d'environ 250 euros l'heure, sans la passe, à Paris et en région banlieusienne, un même exemple peut coûter moins de 600 euros. Mais bien sûr, il existe des logements plus petit, l'étudiant n'est pas obligé de se payer le luxe tout de même ! Ceci dit, admettons que le lit servant déjà à poser le micro onde, l'ordinateur et la table de chevet, l'étudiant trouve difficilement un coin de sac de couchage de libre pour poser ses livres ! Du coup, pour faire de la place, il est bien obligé de s'en débarasser. Plongé ainsi dans l'ignorance grâce aux exploitants... pardon, aux propriétaires, il ne peut poursuivre ses études dans des conditions favorables.
D'autre part, si l'étudiant décide de virer son micro-onde plutôt que ses livres, il se retrouve obligé de se rendre au restau U, le formidable self universitaire qui est mis à sa dispotion mais où l'odeur du poisson n'a d'égale que le sourire des serveuses à moustaches, c'est-à-dire acide. Si nous mettons de côté le prix (compter 50 euros pour une saucisse-frite, 5 euros de plus pour le supplément de chaque frite) la qualité des mets pourtant servis plusieurs fois de suite dans la semaine afin que l'on soit sûr que tout le monde y ait bien goûtés, peut paraître douteuse.
Enfin, et c'est sûrement le pire dans tout ça, l'étudiant dépend toujours des autres. D'abord de ses parents, qui lui paient son loyer, sa bouffe et ses locations de DVD pour ses soirées intéractives en solo. Ou bien de la bourse d'études qu'il a décroché grâce aux critères sociaux qui n'acceptent que les familles dont les revenus du tuteur légal doivent être inférieur à celui d'un chômeur mais à condition d'être salarié à plein temps, et qui lui concède la modique somme de 300 euros par mois, largement suffisant pour ne pas se faire inscrire à la banque de France pour interdit bancaire. Puis, il dépend des autres étudiants pour tous les cours qu'il n'a pas pu suivre convenablement (parfois c'est vrai, à cause du petit job d'étudiant qui lui prend 32 heures par semaine, non déclaré mais qui lui permet tout de même de manger plus de pâtes) et qu'il doit récupérer dans l'urgence car demain y'a grève et hier il faisait beau alors on a joué de la gratte et du djembé pendant 4 heures sur le parvis d'herbe devant la fac.
Il dépend également des horaires de cours car il faut le dire, pas évident de se lever avant 14h30 du matin quand la soirée STAPS Infirmière c'est fini à 5h et qu'on a emprunté à son meilleur pote (de qui on dépend aussi, forcément) pour offrir un verre à la donzelle timide qui dansait au milieu de la piste, mini jupe et seins nus. Du coup, évidemment, les 18h de cours répartis dans la semaine, on a du mal à les garder inscrits sur son emploi du temps plus de deux mois d'affilé. Dernière dépendence, et pas des moindres, aux produits addictifs car il faut bien oublier sa situation de jeunes désérités dans cette société en perdition après la chute du mur de mai 68 quand les russes ont débarqué au Cambodge et que les OGM ont envahis la terre du milieu. Bon, c'est vrai, l'étudiant mélange un peu tout, mais c'est parce que sa situation, comme nous avons pu le voir, est une turbine viscieuse, autant que sa voisine de cours, et que cela en perturbe plus d'un, certains devenant psychologiquement instable, comme on dit en première année de psycho. D'où, les constats de début de cette chronique. Conclusion, la société est aveugle ou ne veut rien voir, se souciant plus du CAC 40 ou des barrages de frontières, alors qu'elle devrait s'occuper un peu plus de ses jeunes qui feront plus tard son avenir. Ou pas...