Le retour du printemps

Publié le par Lyckos

 

Aujourd’hui nous sommes le 20 Avril, et depuis environ un mois, c’est le printemps. Alors pendant cette période de belle saison, là où les plantes repoussent, les caniveaux refoulent et les animaux s’enfilent, j’ai eu l’occasion d’observer une espèce très étrange qui développe des rites et des mœurs de même nature. L’humain. Alors je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le retour du printemps rime presque avec le retour du soleil. Et que se passe t-il lorsque le soleil revient ? Pour ma part, j’habite dans une région un peu reculée de Normandie, et où les autochtones ont souvent un jardin au pied de leur modique baraque. C’est ainsi qu’un beau week-end, par jour de grand vent bien sûr, j’ai pu observé avec précision la bêtise humaine dans toute sa splendeur.

De nombreux foyers possèdent un taudis en guise de potager, une sorte de foure-tout dans lequel s’entasse toutes les saloperies que leurs propriétaires n’ont jamais osé mettre à la poubelle et qui croupissent en compagnie de grands barils, qui normalement devraient servir à récupérer l’eau de pluie, et dans lesquels ils poussent des lentilles d’eau tellement ça fait longtemps qu’ils n’ont pas été vidés. Dans le fond, on peut voir des herbes vraiment hautes, où même les chats errants ne s’y aventurent pas, de peur de tomber sur quelque rongeur devenu mutant à force de boire la flotte des barils susnommés. Mais, lorsque le printemps revient, et que les rayons du soleil tentent désespéramment de percer un jour dans tout ce bordel, les habitants, tels des automates fonctionnant uniquement à l’énergie solaire, vont tout à coup se mettre à jardiner.

Et là je marque une pause pour vous faire part d’une expérience que vous pouvez vous même réaliser du côté de chez vous, à condition que vos voisins soient de véritables humains pur souche, de préférence français, ce sont les meilleurs dans leur catégorie. Alors voilà, vous prenez un automate fonctionnant à l’énergie solaire. Vous trouverez ça chez n’importe quel marchand d’objets inutiles. Vous le placez à côté de votre voisin lui-même planté au milieu de son jardin, si on peut encore le nommer comme ça. Vous attendez patiemment que le soleil de printemps pose ses U.V. sur nos deux personnages. Qu’observez vous ? Et bien, l’automate va se mettre à gesticuler dans une certaine logique mécanique mais qui ne sert strictement à rien dans la situation où il est. Quant au français, et bien il fait exactement la même chose. Et c’est ainsi que dans de nombreuses banlieues de France, des humains s’en donnent à cœur joie et ratissent une botte de terre séchée durant plusieurs heures. Mais le plus impressionnant, c’est lorsque vous leur dites : « Bonjour, beau temps pour jardiner n’est-il pas ? » et qu’ils vous répondent : « Oui mais vous savez, nous, qu’il fasse beau ou pas, on est toujours fourez dans notre jardin ! » Et là, ce n’est pas seulement de l’hypocrisie, nom scientifique pour définir le foutage de gueule, mais tout un processus complexe que l’humain a inventé pour se donner bonne conscience et pour avoir l’impression de faire quelque chose d’important dans sa vie.

Deuxième exemple. Si vous continuez votre chemin sur les bords de Seine, et que le soleil printanier perpétue sa basse besogne du renouvellement de la flore, vous pourrez admirer tous ses sportifs qui, malgré leur apparente musculature décharnée sont des inconditionnels du footing et du vélo ! Mais oui, ne vous fiez surtout pas à la bedaine de celui qui court ou même aux mollets rabougris de celui qui pédale : ce sont des sportifs ! Si vous leur posez la question : « Beau temps pour entretenir sa santé n’est-il pas ? » ils vous répondent sans hésiter : « Oui, auf, nous vous savez, qu’il fasse beau ou pas, on est toujours fourrez dans les terrains de sport ! » Et c’est alors que le ciel se couvre, parce qu’il faut pas déconner ça reste le printemps, et que quelques gouttelettes se mettent à tomber. Vous observez alors que le plus rapide à rentrer ça reste le chien du voisin, parce que les autres, ils veulent bien avoir l’air sportifs mais pas au point d’être performants !

            Alors là je marque une seconde pause pour dire au lecteur : vous êtes certainement en train de vous dire : « Oui, c’est quoi ce blog, on voulait voir de la dénonce et finalement c’est nous qui la prenons en pleine face ! » Et bien je vous répondrais deux choses : la première, ça reste de la dénonce même si tout le monde ne se reconnaît pas dans le portrait que je viens de faire, parce que c’est un phénomène qui revient tous les ans et qui montre bien à quel point le printemps peut mettre à jour de petites subtilités de notre espèce, et la deuxième on s’en fout de ce que vous pensez !

            Mais regardez vous bande de Lucie du 21ème siècle ! Si vous ne possédez pas de jardin et que vous faites de l’allergie au sport, vous connaissez d’autres moyens pour montrer votre joie débordante à l’arrivée du printemps ! Que fait une femme lambda lorsqu’elle voit arriver les beaux jours ? Est-ce qu’elle développe sa curiosité des phénomènes biologiques ou bien va t elle aider les œuvres caritatives ? Non ! Elle ne l’a pas fait en hiver, elle ne le fera pas plus en cette période ! Elle ressort sa garde robe d’aguicheuse du bois de Vincennes et va se trémousser dans des lieux très fréquentés pour qu’une poignée d’hommes aussi évolués qu’un unicellulaire du crétacé viennent l’aborder pour lui montrer qu’au printemps, y’a pas que les fleurs qui se redressent ! Et venez pas dire le contraire, même lorsqu’elles sont trop âgées ou trop rangées pour le faire, elles trouvent toujours une robe à fleurs immonde comme pour montrer à ceux qui ne l’auraient pas encore compris, que les fleurs poussent au printemps et pas en hiver ! Mais je vous rassure ! Les hommes sont pareils ! Qui n’a jamais croisé un gars dans la rue qui semblait déjà en vacances avant tout le monde ?! De belles sandalettes, une chemise à fleur et une coupe tecktonik ! Et le pire dans tout ça, c’est que le reste de l’année, ils sont pas comme ça les gens !

            Cela dit, attendez de voir arriver l’été, vous verrez que là encore, les mœurs vont changer ! Ha les belles plages aux odeurs de frites où les gens se prélassent sur les chaises longues à 20 euros l’heure ! Vous pourrez admirer là aussi la fabuleuse créativité de l’homme dans sa technique de rencontre avec cette phrase devenue mythique : « Et toi, tu sais qu’t’es bonne ? » Haaa, j’en frémis d’avance ! Allez bonnes vacances à tous !


Publié dans Article dénonce

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L
C'est sûr, le mot campagne sous-entend deux choses : d'une part on a plus de temps pour parler aux gens mais on ne comprend pas ce qu'ils disent, d'autre part le bruit du tracteur, c'est toujours plus pénible que celui du bus. Quant aux parents, les miens ont fait pire : ils m'ont élevé à Paris pour mieux me lâcher en campagne ! Je devais être vraiment insupportable pour mériter telle punition...<br /> Merci d'être passée ! A+
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K
je me souviens, quand j'habitais encore à la campagne (façon détournée de désigner le trou paumé rempli de bouzeux où mes parents ont décidé d'enfanter), tous les printemps, le même bordel = une symphonie de tondeuses à gazon, de mangeurs de barbecue beuglards, et de petits chiens hargneux qui aboient - et moi au bord du suicide.<br /> c'est définitif, je préfère les bruits de la ville!
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